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Ecrit du bac de français, pour aller plus loin.

Montaigne

De la vanité

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Essais/Livre III

1.       D e l’utile et de l’honeste 344 2.       Du repentir 350 3.       De trois commerces 356 4.       De la diversion 362 5.       Sur des vers de Virgile 367 6.       Des coches 393 7.       De l’incommodité de la grandeur 402 8.       De l’art de conferer 405 9.       De la vanité 416 10.     De mesnager sa volonté 443 11.     Des boyteux 453 12.     De la physionomie 459 13.     De l’experience 470

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Les vrais voyageurs

Les vrais voyageurs

"Il faut voyager pour frotter et lisser sa cervelle contre celle d'aultruy" Montaigne, Essais Livre I, 1595

Michel de Montaigne

Essais, Livre III, chapitre IX : « Sur la vanité », « L’art de voyager» (extrait), translation en français moderne par A. Lanly, Honoré Champion (2002).

«Moi, qui le plus souvent voyage pour mon plaisir, je ne me guide pas si mal. S’il ne fait pas beau à droite, je prends à gauche ; si je me trouve peu apte à monter à cheval, je m’arrête. En faisant ainsi, je ne vois en vérité rien qui ne soit aussi agréable et aussi confortable que ma maison. Il est vrai que je trouve la superfluité toujours superflue et que je remarque de la gêne même dans le raffinement et dans l’abondance. Ai-je laissé quelque chose à voir derrière moi? J’y retourne ; c’est toujours mon chemin. Je ne trace [à l’avance] aucune ligne déterminée, ni droite ni courbe. Ne trouvé-je pas à l’endroit où je vais ce que l’on m’avait dit ? Comme il arrive souvent que les jugements des autres ne s’accordent pas avec les miens et que je les ai trouvés le plus souvent faux, je ne regrette pas ma peine : j’ai appris que ce qu’on disait n’y est pas. J’ai une constitution physique qui se plie à tout et un goût qui accepte tout, autant qu’homme au monde. La diversité des usages d’un peuple à l’autre ne m’affecte que par le plaisir de la variété. Chaque usage a sa raison [d’être]. Que ce soient des assiettes d’étain, de bois ou de terre cuite, [que ce soit] du bouilli ou du roti, du beurre ou de l’huile de noix ou d’olive, [que ce soit] du chaud ou du froid, tout est un pour moi et si un que, vieillissant, je blame cette aptitude [qui me vient] d’une riche nature et que j’aurais besoin que la délicatesse [du goût] et le choix arrêtassent le manque de mesure de mon appétit et parfois soulageassent mon estomac. Quand je me suis trouvé ailleurs qu’en France et que, pour me faire une politesse, on m’a demandé si je voulais être servi à la française, je m’en suis moqué et je me suis toujours précipité vers les tables les plus garnies d’étrangers. J’ai honte de voir nos compatriotes enivrés de cette sotte manie [qui les porte à] s’effaroucher des manières contraires aux leurs: il leur semble qu’ils sont hors de leur élément s’ils sont hors de leur village. Où qu’ils aillent, ils restent attachés à leurs façons [de vivre] et abominent celles des étrangers. Retrouvent-ils un Français en Hongrie? ils fêtent cette aventure: les voilà à se rallier et à se recoudre ensemble, à condamner tant de mœurs barbares qu’ils voient. Pourquoi ne seraient-elles pas barbares puisqu’elles ne sont pas françaises ? Et encore ce sont les plus intelligents qui les ont remarquées, pour en médire. La plupart d’entre eux ne partent en voyage que pour faire le retour. Ils voyagent cachés et renfermés en eux-mêmes, avec une prudence taciturne et peu communicative, en se défendant contre la contagion d’un air inconnu. Ce que je dis de ceux-là me rappelle, dans un domaine semblable, ce que j’ai parfois observé chez quelques-uns de nos jeunes courtisans. Ils ne s’attachent qu’aux hommes de leur sorte, et nous regardent comme des gens de l’autre monde, avec dédain ou pitié. Ôtez-leur les entretiens sur les mystères de la cour, ils sont hors de leur [seul] domaine, aussi niais pour nous, et malhabiles, que nous [le sommes pour eux. On dit bien vrai [quand on affirme] qu’un « honnête homme », c’est un« homme mêlé ». Au rebours [de nos compatriotes], je voyage fatigué de nos façons de vivre, non pour chercher des Gascons en Sicile (j’en ai laissé assez au pays); je cherche plutot des Grecs, et des Persans: c’est ceux-là que j’aborde, que j’observe; c’est à cela que je me prête et que je m’emploie. Et qui plus est : il me semble que je n’ai guère rencontré de manières qui ne vaillent pas les nôtres.»

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Michel de Montaigne, Essais, Livre III, chapitre IX : « Sur la vanité », « L’art de voyager» (extrait)

Moi, qui le plus souvent voyage pour mon plaisir, je ne me guide pas si mal. S’il ne fait pas beau à droite, je prends à gauche ; si je me trouve peu apte à monter à cheval, je m’arrête. En faisant ainsi, je ne vois en vérité rien qui ne soit aussi agréable et aussi confortable que ma maison. Il est vrai que je trouve la superfluité1toujours superflue2 et que je remarque de la gêne même dans le raffinement et dans l’abondance. Ai-je laissé quelque chose à 5 voir derrière moi ? J’y retourne ; c’est toujours mon chemin. Je ne trace [à l'avance] aucune ligne déterminée, ni droite ni courbe. Ne trouvé3-je pas à l’endroit où je vais ce que l’on m’avait dit ? Comme il arrive souvent que les jugements des autres ne s’accordent pas avec les miens et que je les ai trouvés le plus souvent faux, je ne regrette pas ma peine : j’ai appris que ce qu’on disait n’y est pas.

J’ai une constitution physique qui se plie à tout et un gout qui accepte tout, autant qu’homme au monde4. La 10 diversité des usages d’un peuple à l’autre ne m’affecte que par le plaisir de la variété. Chaque usage a sa raison [d'être]. Que ce soient des assiettes d’étain, de bois ou de terre cuite, [que ce soit] du bouilli ou du rôti, du beurre ou de l’huile de noix ou d’olive, [que ce soit] du chaud ou du froid, tout est un5 pour moi et si un que6, vieillissant, je blâme cette aptitude [qui me vient] d’une riche nature et que j’aurais besoin que la délicatesse [du gout] et le choix arrêtassent le manque de mesure de mon appétit et parfois soulageassent mon estomac. Quand je me suis trouvé 15 ailleurs qu’en France et que, pour me faire une politesse, on m’a demandé si je voulais être servi à la française, je m’en suis moqué et je me suis toujours précipité vers les tables les plus garnies d’étrangers.

J’ai honte de voir nos compatriotes enivrés de cette sotte manie [qui les porte à] s’effaroucher des manières contraires aux leurs: il leur semble qu’ils sont hors de leur élément s’ils sont hors de leur village. Où qu’ils aillent, ils restent attachés à leurs façons [de vivre] et abominent celles des étrangers. Retrouvent-ils un Français en Hongrie ? 20 ils fêtent cette aventure : les voilà à se rallier et à se recoudre7 ensemble, à condamner tant de moeurs barbares qu’ils voient. Pourquoi ne seraient-elles pas barbares puisqu’elles ne sont pas françaises ? Et encore ce sont les plus intelligents qui les ont remarquées, pour en médire8. La plupart d’entre eux ne partent en voyage que pour faire le retour. Ils voyagent cachés et renfermés en eux-mêmes, avec une prudence taciturne9 et peu communicative, en se défendant contre la contagion d’un air inconnu. 25

Ce que je dis de ceux-là me rappelle, dans un domaine semblable, ce que j’ai parfois observé chez quelques-uns de nos jeunes courtisans10. Ils ne s’attachent qu’aux hommes de leur sorte, et nous regardent comme des gens de l’autre monde, avec dédain11 ou pitié. Ôtez-leur les entretiens sur les mystères de la cour, ils sont hors de leur [seul] domaine, aussi niais pour nous, et malhabiles, que nous [le sommes pour eux. On dit bien vrai [quand on affirme] qu’un « honnête homme », c’est un« homme mêlé ». 30

Au rebours12 [de nos compatriotes], je voyage fatigué de nos façons de vivre, non pour chercher des Gascons en Sicile (j’en ai laissé assez au pays) ; je cherche plutot des Grecs, et des Persans: c’est ceux-là que j’aborde, que j’observe; c’est à cela que je me prête et que je m’emploie. Et qui plus est : il me semble que je n’ai guère rencontré de manières qui ne vaillent pas les nôtres.

Michel de Montaigne, Essais, Livre III, chapitre IX : « Sur la vanité », « L’art de voyager» (extrait), translation en français moderne par A. Lanly, © Honoré Champion (2002).

1. Le luxe. 2. Inutile. 3. L’usage est de remplacer e par é quand il y a inversion du sujet avec un verbe du 1er groupe (même si l’accent est aigu, la prononciation est celle d’un accent grave). 4. Autant qu’un homme qui cotoie le monde (la société) se doit de le faire. 5. Tout m’est égal. 6. Tellement égal que. 7. Retrouver. 8. Les critiquer. 9. Silencieuse. 10. Hommes de la cour. 11. Mépris. 12. Au contraire

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Les Essais : Livre III (L'art du voyage)

Michel de montaigne, analyse sur livre iii (l'art du voyage) de "les essais" ( michel de montaigne ).

Commentaire composé sur L'art du voyage de Montaigne (Livre III des Essais). Cette analyse sur L'art du voyage de Montaigne a été rédigée par un professeur de français.

Que puis-je trouver dans pages.documents.comment.type sur "Les Essais : Livre III (L'art du voyage)"

  • Il existe un art de voyager
  • Un tableau satirique des mauvais voyageurs
  • Problème d'ordre moral, qui touche des valeurs

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Quelques réflexions à propos du chapitre iii, 9 des Essais , « De la vanité » de Montaigne

Dans cette lecture « à saut et à gambade » du chapitre III, 9 des Essais de Montaigne, il s’agit de motiver le constat de la lecture très personnelle que fait l’auteur du thème de la vanité du monde. Si l’essai ne s’appuie pas explicitement sur l’Ecclésiaste, très peu cité dans le corps du texte, il en retrouve toutes les tensions pour dépasser l’interprétation théologico-morale figée notamment par saint Augustin. Nous verrons d’abord comment Montaigne compose une véritable vanité, dénonçant les multiples manifestations de l’orgueil humain sans jamais s’exclure lui-même de cette énumération. C’est cependant en revendiquant le plaisir du mouvement et les vertus de l’errance qu’il parvient à énoncer à la fois une éthique et une poétique propres, sans renoncer à aucune des perspectives que Qohelet laissait en suspens.

Texte intégral

  • 1 A. Compagnon relève dix citations directes dans les Essais, citations auxquelles il convient d’ajou (...)
  • 2 Montaigne, Essais , éd. Pierre Villey, Paris, PUF, 1965, p. 944. Toutes nos références renvoient à c (...)

3 Montaigne, Essais , III, 9, p. 999-1001.

1 Les affinités de la pensée montaignienne avec le motif de la vanité ont été maintes fois rappelées. Si, comme le montre Antoine Compagnon 1 , les citations directes de l’Ecclésiaste sont relativement peu nombreuses dans le corps de l’œuvre, le thème de la vanité des choses irrigue néanmoins la totalité de la pensée de l’auteur. Entre tradition augustinienne, scepticisme gréco-latin et mélancolie personnelle, Montaigne propose une lecture personnelle qui permet de mieux comprendre l’ambivalence fondamentale des vanités picturales et littéraires qui se multiplient dès la fin du XVI e siècle. C’est dans l’essai 9, l’un des chapitres les plus riches et les plus foisonnants du livre III, qui selon son éditeur Pierre Villey, « domine tout le troisième livre » 2 , qu’apparaît le plus explicitement l’inflexion décisive. Aboutissent dans ce texte rédigé en 1588, pour y être remodelés et redéployés, des éléments disséminés dans l’œuvre depuis le début de l’entreprise. Cet essai entretient, en effet, de nombreux liens avec le Journal de voyage en Italie , dont l’écho se remarque en plus d’un passage, et notamment vers la fin, s’agissant de la « bulle authentique de bourgeoisie Romaine » que Montaigne s’est vu octroyer lors de son séjour dans la Ville éternelle 3 .

4 Montaigne, Essais , III, 9, p. 945.

5 Ibid ., p. 985.

2 Le chapitre « De la vanité » s’ouvre par une apparente boutade, qui, comme souvent chez Montaigne, n’est pas simple boutade : « Il n’en est à l’avanture aucune plus expresse que d’en escrire si vainement » 4 . Juste après une allusion à la parole de l’Ecclésiaste (« Vanité des vanités, tout est vanité »), dont il ne semble pas lui-même tenir compte, Montaigne, sans transition, dévide les deux fils qu’il va entrelacer tout au long de son propos : « Qui ne voit que j’ay pris une route par laquelle, sans cesse et sans travail, j’iray autant qu’il y aura d’ancre et de papier au monde ? ». D’une phrase et d’un même mouvement, Montaigne parle de l’écriture et du voyage, de l’écriture comme voyage sans but et sans fin, et bientôt, dans la suite de son propos, du voyage comme écriture : « Ay-je laissé quelque chose à voir derriere moy ? J’y retourne ; c’est tousjours mon chemin. Je ne trace aucune ligne certaine, ny droicte ny courbe » 5 .

6 Ibid., p. 997.

3 La suite de l’essai aborde pratiquement tous les aspects de l’activité humaine, en déclinant tous les sens possibles de la vanité. Saisissant dans un apparent désordre les aspects subjectifs (l’orgueil, la frivolité, l’ambition…) comme la nature objective de l’inconsistance des choses mondaines, le texte peut se lire comme un entassement caractéristique de la vanité picturale. L’écriture et le voyage occupent dès lors une strate différente, témoignant d’une réflexion métatextuelle, dont l’objet explicite est l’éloge du mouvement et de l’errance, comme procédure de dessaisissement et de jouissance. Ainsi, lorsque Montaigne concède que « nos humeurs ne sont pas trop vaines, qui sont plaisantes » 6 , se ménage-t-il une voie étroite, à l’instar de l’auteur de l’ Ecclésiaste , et justifie-t-il la vaine évocation des vanités du monde posée ironiquement dans la première phrase. L’essai adopte donc une trajectoire circulaire, résolvant néanmoins son « tour du monde » en un consentement léger à la conscience de soi.

7 Ibid., p. 996.

4 L’essai ne peut donc se réduire à une longue évocation, qui serait somme toute relativement conventionnelle. En effet, Montaigne articule ce parcours à une intimité profonde et concrète, tour à tour joyeuse et douloureuse, contradictoire et enjouée. Il épouse ainsi le mouvement même de la vanité en lui conférant la qualité d’une libre expérience de soi. Lorsqu’il écrit « Je m’emploie à faire valoir la vanité mesme et l’asnerie si elle m’apporte du plaisir, et me laisse aller apres mes inclinations naturelles sans les contreroller de si pres. » 7 , il revendique les vertus du mouvement et de l’abandon afin de mieux s’émouvoir.

5 C’est ainsi que le voyage physique, et de manière plus générale l’aspect corporel et intime du sujet, viennent infléchir la réflexion philosophique et morale, en lui donnant une consistance qui autorise à dépasser l’aporie d’une réflexion vaine sur la vanité des choses sans pour autant convoquer une quelconque transcendance de type augustinien. En effet, pourquoi Montaigne voyage-t-il ? Sans doute les réponses qu’il donne ne sont-elles pas toutes également recevables. Certaines frisent la mauvaise foi. Comme le remarque Jean Céard dans La Nature et les prodiges  :

8 Jean Céard, La Nature et les prodiges. L’insolite au XVIe siècle, en France , Genève, Droz, 1977, p. (...) On peut, si l’on veut, prendre au sérieux certaines d’entre elles : son goût très modéré pour le gouvernement de sa maison, son incapacité à accepter d’une âme égale les ennuis domestiques ; on croira plus difficilement qu’il puisse sans sourire déclarer qu’il voyage pour permettre à sa femme d’acquérir “la science du menage” et pour réchauffer, par son absence, “l’amitié maritale”. 8

9 Montaigne, Essais , III, 9, p. 976-977.

  • 10 Montaigne, Journal de voyage en Italie , éd. Fausta Garavini, Paris, Gallimard, « Folio », 1983, p. (...)

6 Raison plus sérieuse : l’apprentissage du deuil et la possession, par l’imagination, de l’être absent 9 . Ces considérations plus graves renvoient immanquablement à la mort de La Boétie. Un passage du Journal de voyage prouve cette présence/ absence de l’ami, disparu une vingtaine d’années plus tôt, au cours du périple italien de 1581. Ainsi, aux Bains della Villa, le matin d’un jeudi de mai 1581 : « Et ce même matin, écrivant à M. d’Ossat, je tombai en un pensement si pénible de M. de La Boétie, et y fus si longtemps sans me raviser, que cela me fit grand mal » 10 .

11 Montaigne, Essais , III, 9, p. 977.

12 Ibid ., p. 981.

13 Ibid ., juste au-dessus.

7 Quand Montaigne écrit de La Boétie : « Nous remplissions mieux et estandions la possession de la vie en nous separant : il vivoit, il jouissoit, il voyoit pour moy, et moy pour luy, autant plainement que s’il y eust testé […]. La separation du lieu rendoit la conjonction de nos volontez plus riche » 11 , il exprime ce désir d’élargir par le voyage la présence virtuelle de l’ami regretté, présence mentale alors coextensive au monde. Mais quand il ajoute : « Cette faim insatiable de la presence corporelle accuse un peu la foiblesse en la jouyssance des ames », il s’expose à se contredire et à révéler bientôt la faiblesse de sa propre âme. L’exclamation, quelques pages plus loin : « O un amy ! » 12 , résonne soudain de manière presque pathétique. Il n’est plus d’absence qui tienne, et seule compte alors la présence corporelle de l’être désiré : « Si à si bonnes enseignes je sçavois quelqu’un qui me fut propre, certes je l’irois trouver bien loing » 13 . Le voyage est dès ici-bas l’expérience du deuil et de la mort, l’ample démonstration de la vanité des attachements humains.

14 Montaigne, Essais , III, 9, p. 977.

15 Jean Céard, La Nature et les prodiges , op. cit ., p. 401.

16 Montaigne, Essais , III, 9, p. 988.

8 Mais le voyage, tel que l’entend Montaigne, est rarement cet exercice de mélancolie que l’on vient de décrire. Le ton dominant de ce chapitre est l’alacrité. « Je ne l’entreprens ny pour en revenir, ny pour le parfaire ; j’entreprens seulement de me branler, pendant que le branle me plaist. Et me proumeine pour me proumener » 14 . La vraie raison du voyage est le voyage même. Comme le note Jean Céard, « il ne s’agit que de se livrer au plaisir du mouvement et du changement, nullement d’embrasser la diversité » pour la rassembler et la totaliser dans un livre, à la manière des cosmographes 15 . Montaigne encore : « Ouy, je le confesse, je ne vois rien, seulement en songe et par souhait, où je me puisse tenir ; la seule varieté me paye, et la possession de la diversité, au moins si aucune chose me paye » 16 . Le voyage est donc un moyen de s’accorder au mouvement et à la variété du monde, et, comme le dit encore Montaigne, de « servir la vie selon elle » 17 , cette dernière étant définie comme « un mouvement materiel et corporel, action imparfaicte de sa propre essence, et desreglée ».

18 Source : Wikipedia.

19 Montaigne, Essais , III, 9, p. 946.

20 Montaigne, Essais , III, 9, p. 978.

21 Montaigne, Essais , III, 9, p. 994.

23 Ibid ., p. 995.

24 Montaigne, Essais , III, 9, p. 999-1000.

25 Ibid, p. 1000.

9 Le corps est en effet le lieu premier où s’expérimente la vanité. L’espèce la plus réaliste et la plus triviale de la vanité est l’excrément. On pense à la formule fréquemment et faussement attribuée à saint Augustin, et dont l’auteur pourrait être Porphyre de Tyr ou Bernard de Clairvaux : Inter fæces et urinam nascimur , « Nous naissons entre les fèces et l’urine » 18 . Dans le langage chrétien, ce réalisme trivial est l’expression de la miseria hominis , ou misère de l’homme, qui dialogue, il est vrai, avec le thème contraire et complémentaire de la dignitas hominis (ou dignité de l’homme), dès lors que ce dernier est revêtu de la grâce divine. C’est dans ce contexte et dans cet héritage qu’il faut comprendre sans doute la comparaison d’apparence incongrue, qui surgit tout à coup, près du début : « Ce sont icy, un peu plus civilement, des excremens d’un vieil esprit » 19 . La comparaison des Essais avec des « excréments » quelque peu racornis n’a rien de très flatteur, même si l’on doit prendre garde que le mot a un sens moins restrictif qu’aujourd’hui. L’excrément, étymologiquement, c’est tout ce que produit le corps, tout ce qui est « passé au crible » et évacué hors de lui : matières fécales, urine, mucus nasal, sueur, salive, mais aussi ongles, cheveux et dents. L’important, dans cette comparaison pour le moins brutale et choquante, est que l’écriture est le produit de l’esprit comme l’excrément est le produit du corps. Les Essais s’enracinent par conséquent dans du vivant et donc dans du mourant. C’est une production humaine, étant entendu que l’homme est tout à la fois animal et esprit. 10. À partir de là, une fois que l’homme et son projet intellectuel sont ramenés à leur juste niveau, qui est le corps mangeant et excrétant, croissant et déclinant, le thème de la vanité peut être déployé et varié dans toutes ses dimensions. Sous l’espèce dominante du voyage, tour à tour errance et vagabondage, le thème est décliné dans ce chapitre de toutes les manières possibles. La vanité a d’infinies espèces et de multiples visages. C’est tour à tour et successivement la vanité du métier d’écrivain, des voyages, de la vie casanière à Saint-Michel de Montaigne et de la vie humaine en général, dont le voyage est la grande métaphore ( homo viator ). Comme l’enseigne l’Ancien Testament, tout homme est un voyageur exilé sur la terre. Montaigne s’efforcerait alors de faire coïncider sa propre pratique personnelle du voyage avec cette allégorie de notre condition : « Et le voyage de ma vie se conduict de mesme » 20 . La vérité générale s’exprimerait, une fois de plus, dans le particulier ; elle n’a à vrai dire d’autre « preuve » que l’expérience particulière de chacun d’entre nous. 11. Mais c’est aussi la vanité de la situation politique contemporaine en France, qui est celle des interminables guerres de Religion et que Montaigne tente de fuir par le voyage à l’étranger, celle des Essais eux-mêmes, dont ce chapitre offre, sur le thème du voyage, une poétique complète et particulièrement éloquente. Il n’est pas de meilleur exemple de « l’alleure poetique, à sauts et à gambades » 21 que cet essai viatique et constamment digressif, ni d’illustration plus probante de « cette art legere, volage, demoniacle » (le mot est du féminin au XVIe siècle) que Montaigne apprécie tant chez Plutarque. On relève encore les formules : « Je m’esgare, mais plustot par licence que par mesgarde. Mes fantasies se suyvent, mais par fois c’est de loing, et se regardent, mais d’une veuë oblique » 22  ; « J’entends que la matiere se distingue soy-mesmes » 23 . Mais il faut aussi ajouter la vanité de la bulle de citoyenneté romaine que Montaigne exhibe in fine 24 . On y a vu un jeu sur le sens du mot « bulle », qui est l’emblème du vide et de la fragilité humaine dans ces tableaux, le plus souvent des natures mortes, appelés « vanités ». La figuration, à la fin de l’essai, de la bulle elle-même sous la forme effective du texte latin propose à la fois l’exhibition de la chose et sa mise à distance, et s’accompagne d’un commentaire lucide de l’auteur : « Nous en sommes tous confits, tant les uns que les autres ; mais ceux qui le sentent en ont un peu meilleur compte, encore en sçay-je » 25 .

26 Ibid, p. 988.

10 L’époque de Montaigne est, en effet, la grande époque des « vanités » en peinture. Ces tableaux sont des méditations, à partir d’objets du monde familier et intime, sur le caractère transitoire de la vie humaine, et, à partir de cette contemplation sereine, une préparation à la mort. Ainsi de ce chapitre qui s’achemine, au pas de promenade et par le plus grand nombre de détours possibles, vers une vieillesse souriante et une mort inévitable. L’écriture et le voyage s’y attachent à matérialiser le mouvement de la conscience qui fait retour vers soi, le sens de la vanité ne résidant en rien dans un quelconque message inscrit dans la représentation des choses vaines. L’antonyme de la vanité n’est pas la vérité mais la rigidité que l’orgueil et l’arrogance des hommes confèrent aux choses. En épousant le vent, Montaigne, plus proche en cela des néo-stoïciens, rompt avec l’interprétation de saint Augustin et retrouve la lettre de l’ Ecclésiaste , quand il déclare que « La vie est un mouvement matériel et corporel, action imparfaicte de sa propre essence, et déréglée ; je m’emploie à la servir selon elle. 26  »

1 A. Compagnon relève dix citations directes dans les Essais, citations auxquelles il convient d’ajouter les inscriptions sur les poutres de la bibliothèque de Montaigne. Ce chiffre, pour n’être pas une absolue certitude, donne néanmoins une proportion utile à l’analyse. Voir le colloque « La trace de l’Ecclésiaste de Montaigne à Beckett », 6 et 7 juin 2008, organisé par Jean-Charles Darmon, publié sous le titre Littérature et vanité , Paris, PUF, 2011. L’article d’Antoine Compagnon s’intitule « Vaines pointures, mais toujours pointures : Montaigne et l’ Ecclésiaste  »

2 Montaigne, Essais , éd. Pierre Villey, Paris, PUF, 1965, p. 944. Toutes nos références renvoient à cette édition.

8 Jean Céard, La Nature et les prodiges. L’insolite au XVIe siècle, en France , Genève, Droz, 1977, p. 400, renvoyant à Montaigne, Essais , III, 9, p. 974-975.

10 Montaigne, Journal de voyage en Italie , éd. Fausta Garavini, Paris, Gallimard, « Folio », 1983, p. 277 ; éd. François Rigolot, Paris, PUF, 1992, p. 162.

Pour citer cet article

Référence électronique.

Frank Lestringant , «  Quelques réflexions à propos du chapitre iii, 9 des Essais , « De la vanité » de Montaigne  » ,  Études Épistémè [En ligne], 22 | 2012, mis en ligne le 01 septembre 2012 , consulté le 29 juin 2024 . URL  : http://journals.openedition.org/episteme/383 ; DOI  : https://doi.org/10.4000/episteme.383

Frank Lestringant

Frank Lestringant est professeur à la Sorbonne, spécialiste de la littérature des Grandes découvertes et de la Renaissance. Après avoir consacré ses premiers travaux au cosmographe André Thevet ( L’Atelier du cosmographe, ou l’Image du monde à la Renaissance , Paris, Albin Michel, 1991), il a édité des textes de référence (Jean de Léry, Clément Marot ou André Thevet) et publié de très nombreuses études sur la littérature du XVI e siècle.

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0 . Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Numéros en texte intégral

  • 44 | 2023 Pensée et représentation de l’optimum au temps des Lumières (1680-1789)
  • 43 | 2023 La musique des sphères dans la poésie et les arts du XV e au XX e siècle
  • 42 | 2022 Écrire pour elles. Dramaturges et spectatrices en Europe
  • 41 | 2022 Matières pastorales
  • 40 | 2021 Bérénice , trois-cent cinquante ans après
  • 39 | 2021 Jeu et tricherie dans l’Angleterre et la France modernes / Le Sens des formes dans l’Europe d’Ancien Régime
  • 38 | 2020 Le combat de la chaire. Prédication et polémique de l'Antiquité au XVIII e siècle
  • 37 | 2020 Marie de Guise et les transferts culturels / Contingence et fictions de faits divers
  • 36 | 2019 La miniature à l’époque moderne / Les objets du voyage
  • 35 | 2019 L’univers des dissidents anglais du XVIIe siècle : piété, théologie, hétérodoxie
  • 34 | 2018 Les Sens dans la construction du genre (XVIe-XVIIIe siècles)
  • 33 | 2018 Profane Shakespeare – Perfection, Pollution and the Truth of Performance
  • 32 | 2017 1517, and all that: dating the beginning of the Reformation in Early Modern Britain and France
  • 31 | 2017 Langages dissidents: performances et contestations religieuses à l’époque moderne
  • 30 | 2016 Sens et Perception
  • 29 | 2016 Noise and Sound in Eighteenth-Century Britain
  • 28 | 2015 MELANCHOLIA/Æ. L’expérience religieuse de la « maladie de l’âme » et ses définitions
  • 27 | 2015 Curiosité(s) et Vanité(s) dans les Îles britanniques et en Europe (XVIe-XVIIe siècles)
  • 26 | 2014 Presses et transferts culturels / Curiosité et géographie
  • 25 | 2014 ‘Gode is the lay, swete is the note’ : Résonances dans les lais bretons moyen-anglais
  • 24 | 2013 Aspects du serment en Angleterre (XVI e -XVIII e siècles)
  • 23 | 2013 George Buchanan : textes et traductions
  • 22 | 2012 Vanités d’hier et d’aujourd’hui : une poétique de l’éphémère
  • 21 | 2012 Acts of writing
  • 20 | 2011 Poétique de la catastrophe ? Représentations du régicide aux XVI e et XVII e siècles en Europe
  • 19 | 2011 Les femmes témoins de l’histoire
  • 18 | 2010 Ut musica poesis
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  • 15 | 2009 Milton et le tyrannicide
  • 14 | 2008 Figures du conflit / Sciences et littérature
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  • 12 | 2007
  • 11 | 2007 Bibliothèque Epistémè. The Old Law (T. Middleton, 1656)
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  • 9 | 2006 Baroque/s et maniérisme/s littéraires : tonner contre ?
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  • 5 | 2004 Bibliothèque Epistémè. Game at Chess (Thomas Middleton, 1624)
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  • 1 | 2002 La représentation des passions en France et en Angleterre (XVII e - XVIII e siècles)

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l'art de voyager montaigne

Chaque usage a sa raison – ou leçon de Montaigne sur le voyage et la rencontre avec l’autre

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“Ne soyez pas plus sages qu’il ne faut, mais soyez sobrement sages.” (traduction de la citation figurant tout en haut de l’image)

La littérature et la culture

Pour débuter cette année 2014, je souhaite partager avec vous un très beau texte de Montaigne. Cela fait plus de deux ans que je garde ce texte sous le coude, hésitant à le mettre en ligne, pensant stupidement qu’un texte littéraire du XVIème siècle fera fuir ceux qui ont pris l’habitude de s’informer ici sur les cas d’entreprise, et ceux qui ne partagent pas le même goût pour la littérature.

Pensée stupide en effet, car nul ne peut se dire intéressé par les enjeux interculturels sans croiser différents champs du savoir. Et nul ne peut étudier les facteurs culturels sans se préoccuper d’abord du facteur humain. Or, la littérature en est le champ d’exploration privilégié, avec les sciences humaines. Mais, par rapport à ces dernières, elle a une autre dimension, elle ne se contente pas d’explorer, elle exprime également. En ce sens, la littérature donne des clés sur le facteur humain tout en exprimant en même temps quelque chose au sujet d’une culture.

Les Essais de Montaigne m’ont suivi et me suivent partout. La lecture de quelques pages a toujours suffi à ranimer le meilleur de la culture française, que ce soit dans le désert saoudien ou dans le vacarme de Séoul. Je ne sais ce qu’est un Français, être français ou la mentalité française, mais il m’a toujours semblé évident que Montaigne – avec bien d’autres auteurs (Voltaire, Chamfort, Crébillon fils, Balzac, Flaubert, Proust, etc.) – était un compagnon essentiel pour porter en soi quelque chose de la culture française.

Par ailleurs, je conseille fortement l’édition des Essais chez Arléa . Le français a été modernisé en grande partie, et les citations latines ont été directement traduites, ce qui soulage le lecteur des insupportables notes de bas de page ou, pire, des notes en fin de volume qui transforment la lecture en véritable calvaire.

J’ai la complexion du corps libre, et le goût commun autant qu’homme du monde. La diversité des façons d’une nation à autre ne me touche que par le plaisir de la variété. Chaque usage a sa raison. Soient des assiettes d’étain, de bois, de terre, bouilli ou rôti, beurre ou huile de noix ou d’olive, chaud ou froid, tout m’est un, et si un, que vieillissant, j’accuse [accentue] cette généreuse faculté, et aurais besoin que la délicatesse et le choix arrêtassent l’indiscrétion [avidité] de mon appétit et parfois soulageassent mon estomac. Quand j’ai été ailleurs qu’en France, et que, pour me faire courtoisie, on m’a demandé si je voulais être servi à la française, je m’en suis moqué et me suis toujours jeté aux tables les plus épaisses d’étrangers.

J’ai honte de voir nos hommes enivrés de cette sotte humeur de s’effaroucher des formes contraires aux leurs: il leur semble être hors de leur élément quand ils sont hors de leur village. Où qu’ils aillent, ils se tiennent à leurs façons et abominent les étrangères. Retrouvent-ils un compatriote en Hongrie, ils festoient cette aventure: les voilà à se rallier et à se recoudre ensemble, à condamner tant de mœurs barbares qu’ils voient. Pourquoi non barbares puisqu’elles ne sont françaises? Encore sont-ce les plus habiles qui les ont reconnues, pour en médire. La plupart ne prennent l’aller que pour le venir. Ils voyagent couverts et resserrés d’une prudence taciturne et incommunicable, se défendant de la contagion d’un air inconnu.

Ce que je dis de ceux-là me ramentait [rappelait] , en chose semblable, ce que j’ai parfois aperçu en aucuns de nos jeunes courtisans. Ils ne tiennent qu’aux hommes de leur sorte, nous regardent comme gens de l’autre monde, avec dédain ou pitié. Otez-leur les entretiens des mystères de la cour, ils sont hors de leur gibier, aussi neufs pour nous et malhabiles comme nous sommes à eux. On dit bien vrai qu’un honnête homme, c’est un homme mêlé.

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l'art de voyager montaigne

Ce blog aborde le management interculturel sous l’angle de ses enjeux stratégiques. La gestion des risques interculturels contribue en effet à sécuriser, pérenniser et développer l’activité. Il faut alors parler d’ intelligence culturelle , le complément inséparable de l’intelligence économique.

Benjamin Pelletier a vécu et travaillé au Moyen Orient et en Extrême Orient. Il intervient en entreprise comme formateur en management interculturel et enseigne notamment à l’École de Guerre Economique.

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De l’art de conférer : épisode • 1/4 du podcast Montaigne, "à sauts et à gambades"

Épisode 1/4 : De l’art de conférer

Premier temps de notre semaine consacrée aux essais de montaigne. adèle van reeth reçoit bernard sève, professeur d'esthétique et de philosophie de l'art, à propos de l'oeuvre philosophique de michel de montaigne..

  • Bernard Sève Professeur émérite en esthétique et philosophie de l’art à l’université de Lille

Quelle est la différence entre discuter, se disputer, jouter et conférer? Qui est apte à la conférence et qui ne l'est pas? Un entretien vigoureux comme Montaigne les aime avec Bernard Sève sur "L'art de conférer" proposé dans les Essais!

Montaigne a cette idée d'un espace de parole où rien d'autres que les idées, les thèses, les arguments seraient échangés et non pas tant pour trouver la vérité que pour sevformer le jugement ou pou rectifier son jugement. Bernard Sève Publicité
Qu'est-ce-que la sottise ? J'ai presque envie de dire de manière un peu provocatrice, c'est l'être, c'est du côté de l'ontologie. La sottise c'est être rivé à ce qu'on est ou à ce qu'on croit être. La sottise, c'est l'opiniâtreté, c'est-à-dire ne pas vouloir bouger de son point de vue, c'est ne pas écouter l'autre, ne pas suposer que l'autre puisse avoir raison et que je puisse voir complètement tort. [...] Tous Les Essais de Montaigne visent non pas à attaquer frontalement, mais à défaire par petites touches cette tendance narcissique qu'ont tous les êtres humains. Bernard Sève

- Michel de Montaigne, Essais III, 8 _ , _  « De l’art de conférer »,  Folio p. 215

  • Blaise Pascal, Fragments sur l'imagination

- Michel de Montaigne, Essais III, 8, « De l’art de conférer »,  Folio 224-225

- Michel de Montaigne, Essais III, 8, « De l’art de conférer » ,  Folio p. 204-205

EXTRAITS :  

- Michel de Montaigne,  Avis au lecteur, texte lu par Pierre Fresnay dans « Les après-midi de France culture Les écrits de Montaigne  » France Culture 22/01/1973

- Ridicule , film de Patrice Leconte  (1996).

  • Molière , Le Misanthrope , Acte I scène 2 : réalisation télé par Pierre Dux du 20 février 1971 (ORTF) avec Jean Rochefort (Alceste), Jean de Sally (Philinte) et Jacques Charon (Oronte).

REFERENCES MUSICALES :  

- Alfredo Triff, Mindtrances

  • Joseph Bodin de Boismortier, Sonate en sol mineur

- Giovanni Pierluigi Palestrina, Ricercar du 4ème ton

- Mozart , A vous dirai-je maman

- Giants of jazz , Le temps ne fait rien à l’affaire  (adaptation jazz de Georges Brassens)

- Elvis Presley, A little less conversation

Par Adèle Van Reeth

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L’art de voyager Montaigne

Par Milli01   •  23 Février 2020  •  Synthèse  •  310 Mots (2 Pages)  •  1 343 Vues

Malgre les grands voyage qu’a connus la renaissace (voyages d’exploration, voyages d’etude), le commun de mortels, a cette epoque, ne considererait pas le voyage comme un plaisir ne soi. On craignait surtout les dangers que les voyages presentaient et on regrettait beaucoup le pays natal. Tout cela rend la pensee de Montaigne sur le voyage vraiment interessante et originale. Ce texte, à l’apparance un recit de voyage, ne nous dit rien sur ce qui est visite, mais il nous montre la vraie nature d’un voyageur. Montaigne soutien que voyager est utile et ouvre l’esprit. Il dit qu’il a peur de connaitre les autres usances. Le phrases important sont:

- soient des assiettes d’etain, de bois, de terre; bouilli ou roti; beurre ou huile, de noix ou d’olive; chaud ou frois...

- ils leur semble etre hors de leur element quando ils sont hors de leur village.

- ils voyagent couverts et resserres, d’une prudence taciturne et incommunicable, se defendant de la contagion d’un air inconnu.

Le voyage est présenté comme une activité salutaire. C’est un exercice profitable et salutaire, une sorte d’aiguillon, de stimulant car le voyage est en fait la découverte incessante, d’autres usages, d’autres mondes. C’est présenté comme une démarche stimulante et exaltante. Il n’hésite pas à montrer que chez lui, le voyage crée une excitation, un enthousiasme, un épanouissement. L’abondance de termes superlatifs est révélatrice de cet enthousiasme chez Montaigne. On voit le lyrisme de cette phrase où il parle d’école qui forme la vie (l.3).

L’idée même de voyage est une source de délectation et cette notion voyage est très proche de celle du plaisir et c’est comme s’il voulait la communiquer au lecteur. Ce plaisir est lié non seulement à la découverte des choses nouvelles, mais aussi à la diversité. Voyager est une découverte perpétuelle et un remède à la monotonie, de sortir de son repli sur soi (l.8).

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Montaigne essais livre iii 9 l'art de voyager.

Montaigne Essais Livre Iii 9 L'Art De Voyager

Montaigne Essais Livre III 9 : L’Art de voyager

Introduction.

Introduction, FR Livre

Dans son essai “De l’expérience”, Montaigne philosophe sur l’art de voyager. Pour lui, voyager n’est pas seulement un moyen de découvrir de nouvelles terres, mais c’est aussi une façon de se découvrir soi-même. En observant les coutumes et les modes de vie des autres cultures, on peut prendre du recul sur sa propre culture et ses propres croyances.

Les avantages de voyager

Les Avantages De Voyager, FR Livre

Montaigne énumère de nombreux avantages à voyager. Il estime que voyager permet d’élargir ses horizons, de se débarrasser de ses préjugés et de devenir plus tolérant. Il écrit : “Voyager, c’est s’enrichir de l’expérience et de la connaissance.”

Les inconvénients de voyager

Les Inconvénients De Voyager, FR Livre

Cependant, Montaigne reconnaît également qu’il y a certains inconvénients à voyager. Il peut être difficile de s’adapter à de nouvelles cultures et de nouvelles langues. Il peut aussi être dangereux de voyager dans certains endroits. Montaigne écrit : “Voyager, c’est aussi prendre des risques et affronter des difficultés.”

Conseils pour voyager

Conseils Pour Voyager, FR Livre

Montaigne donne quelques conseils à ceux qui souhaitent voyager. Il recommande de voyager lentement et de prendre le temps de s’imprégner de la culture locale. Il conseille également d’être ouvert d’esprit et de ne pas avoir peur de se confronter à de nouvelles idées.

Conclusion, FR Livre

Montaigne conclut son essai en affirmant que voyager est une expérience enrichissante qui peut nous apprendre beaucoup sur nous-mêmes et sur le monde qui nous entoure. Il écrit : “Voyager, c’est vivre plusieurs vies en une seule.”

Voici un point important sur “Montaigne Essais Livre III 9 : L’Art de voyager” en 3-6 mots :

  • Voyager, c’est se découvrir.

Voyager, c'est se découvrir.

Voyager, C'est Se Découvrir., FR Livre

Montaigne pensait que voyager était un excellent moyen de se découvrir. En observant les coutumes et les modes de vie des autres cultures, on peut prendre du recul sur sa propre culture et ses propres croyances. Cela peut nous aider à mieux comprendre qui nous sommes et ce que nous voulons de la vie.

  • Voyager nous permet de sortir de notre zone de confort. Lorsque nous voyageons, nous sommes confrontés à de nouvelles situations et à de nouvelles personnes. Cela peut être à la fois stimulant et effrayant, mais cela nous aide aussi à grandir et à apprendre sur nous-mêmes.
  • Voyager nous permet de voir le monde sous un nouveau jour. Lorsque nous voyageons, nous voyons le monde d’un point de vue différent. Cela peut nous aider à remettre en question nos propres croyances et à adopter de nouvelles perspectives.
  • Voyager nous permet de rencontrer de nouvelles personnes et de nouer de nouvelles amitiés. Lorsque nous voyageons, nous rencontrons des personnes de tous horizons. Cela peut nous aider à élargir notre réseau social et à apprendre de nouvelles cultures.
  • Voyager nous permet de nous reconnecter avec la nature. Lorsque nous voyageons, nous avons souvent l’occasion de passer du temps dans la nature. Cela peut nous aider à nous détendre, à nous ressourcer et à apprécier la beauté du monde.

Dans l’ensemble, Montaigne pensait que voyager était une expérience enrichissante qui pouvait nous apprendre beaucoup sur nous-mêmes et sur le monde qui nous entoure.

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    l'art de voyager montaigne

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  1. Montaigne : Essais : L'art de voyager (livre III)

    I. Il existe un art de voyager. Montaigne montre que l'âme (aussi bien l'intelligence, le cœur…) est en continuelle émulation. Il considère que le voyage est une pratique qui est l'école de la vie. Le texte pose la thèse au tout début.? Voyage où le voyageur est actif (premier paragraphe). Situation d d'école, stimulation.

  2. L'art de voyager selon Montaigne

    Il est dans la profondeur de ce qui est vécu, dans l'intensité de la rencontre. Partir rejoint l'art de voyager selon Montaigne qui, à l'étranger, tenait à se mêler au plus près des us et coutumes de l'autre et s'en voulait imprégner, changer, altérer presque.

  3. PDF Michel de Montaigne, Essais, Livre III, chapitre IX : « Sur la vanité

    Michel de Montaigne, Essais, Livre III, chapitre IX : « Sur la vanité », « L'art de voyager» (extrait), translation en français moderne par A. Lanly, © Honoré Champion (2002). Moi, qui le plus souvent voyage pour mon plaisir, je ne me guide pas si mal.

  4. De la vanité (extrait du livre III, chapitre IX)

    Introduction. Dans Les essais, Montaigne donne ses réflexions sur de nombreux thèmes. Le titre De la vanité est trompeur, car l'essentiel de ce chapitre est consacré aux voyages. Montaigne est curieux des usages et des particularités des pays qu'il traverse.

  5. Le guide philosophique du voyage avec Montaigne

    Thibault de Saint-Maurice vous propose de partir en voyage avec un guide un peu spécial, d'après les réflexions du philosophe Montaigne concernant le rapport aux voyages, lui-même qui fut un très grand voyageur. Le voyage est une double rencontre : avec autrui puis soi-même !

  6. Montaigne (1533-1592) : vie et œuvre

    L'art de voyager, la mort, l'amitié, les cannibales, les guerres de religion, l'éducation… Montaigne aborde plus d'une centaine de thèmes en tout genre dans ses Essais . Que les chapitres traitent de questions sociales, philosophiques ou plus personnelles, Montaigne se donne toujours pour boussole deux idéaux dont il ne ...

  7. Essais/Livre III/Texte entier

    Or les deportements de Timoleon en ce voyage rendirent bien tost sa cause plus claire, tant il s'y porta dignement et vertueusement en toutes façons ; et le bon heur qui l'accompagna aux aspretez qu'il eut à vaincre en cette noble besongne, sembla luy estre envoyé par les Dieus conspirants et favorables à sa justification. La fin de cettuy cy est excusable, si aucune le pouvoit estre ...

  8. Essais (Montaigne)

    Les œuvres complètes de Montaigne comportent trois titres : la traduction de la Théologie naturelle de Raymond Sebond (à l'origine d'un des plus importants chapitres des Essais : « Apologie de Raymond Sebond 3 »), le Journal de voyage en Italie et, enfin, les Essais .

  9. Essais/Livre III

    Michel de Montaigne. Essais, exemplaire de Bordeaux (1595) (Livre III, p. 497). TABLE DU TROISIESME LIVRE Livre III TABLE DU TROISIESME LIVRE. 1. D e l'utile et de l'honeste 344 2. Du repentir 350 3. De trois commerces 356 4. De la diversion 362 5. Sur des vers de Virgile 367 6. Des coches 393 7. De l'incommodité de la grandeur 402 8. De l'art de conferer 405 9. De la vanité 416 10 ...

  10. Livre III (L'art du voyage) (Les Essais de Michel de Montaigne

    Cette analyse sur L'art du voyage de Montaigne a été rédigée par un professeur de français. Que puis-je trouver dans ce commentaire sur "Les Essais : Livre III (L'art du voyage)" Il existe un art de voyager. Un tableau satirique des mauvais voyageurs. Problème d'ordre moral, qui touche des valeurs. A propos du commentaire. Pages. 3. Format. .pdf.

  11. Michel de Montaigne

    Michel de Montaigne. Portrait présumé de Michel de Montaigne par un auteur anonyme (anciennement attribué à Dumonstier) repris par Thomas de Leu pour orner l'édition des Essais de 1608. Essais, Livre III, chapitre IX : « Sur la vanité », « L'art de voyager» (extrait), translation en français moderne par A. Lanly ...

  12. PDF Les essais, Montaigne III, 9, « De la vanité », « L'art de voyager

    C'est un texte bien sur argumentatif qui défend une conception du voyage, un art de bien voyager ; le voyage étant pour l'auteur à la fois un exercice pour le corps et l'esprit, une leçon de tolérance, une source de découverte et d'émerveillement, de curiosité.

  13. Journal de voyage

    Que recherche-t-on dans la lecture d'une relation de voyage qui date du XVIe siècle dans un pays que l'on connait ? le regard de l'écrivain - Montaigne - sur un environnement qui n'a plus rien de commun avec des lieux connus, peut décevoir !

  14. Michel de Montaigne, Essais, Livre III, chapitre IX : « Sur la vanité

    Michel de Montaigne, Essais, Livre III, chapitre IX : « Sur la vanité », « L'art de voyager» (extrait), translation en français moderne par A. Lanly, © Honoré Champion (2002). 1. Le luxe.

  15. Montaigne : Les Essais : De la vanité

    Dans un nouvel élan digressif, Montaigne passe librement de Platon à ses propres essais, avant de revenir à l'Antiquité : l'insertion des Essais au milieu des références antiques lui donne une légitimité. Comme pour soutenir l'idée de « farcissure », une autre référence à Platon intervient quelques lignes plus loin.

  16. Commentaire de L'art de voyager, Michel de Montaigne, Les Essais

    Dans cet extrait, Montaigne utilise le registre satirique afin de se moquer des voyageurs et des courtisans. -On peut par exemple voir à travers les lignes 20 à 26 que Montaigne montre des personnages ridicules, caricaturés à travers leurs actions.

  17. Livre III (L'art du voyage) (Les Essais de Michel de Montaigne

    Cette analyse sur L'art du voyage de Montaigne a été rédigée par un professeur de français. Que puis-je trouver dans pages.documents.comment.type sur "Les Essais : Livre III (L'art du voyage)" Il existe un art de voyager. Un tableau satirique des mauvais voyageurs. Problème d'ordre moral, qui touche des valeurs.

  18. Quelques réflexions à propos du chapitre iii, 9 des Essais, « De la

    D'une phrase et d'un même mouvement, Montaigne parle de l'écriture et du voyage, de l'écriture comme voyage sans but et sans fin, et bientôt, dans la suite de son propos, du voyage comme écriture : « Ay-je laissé quelque chose à voir derriere moy ? J'y retourne ; c'est tousjours mon chemin.

  19. Chaque usage a sa raison

    Il provient du magnifique chapitre 9 du livre III, De la vanité. Montaigne y parle de sa pratique du voyage et de la rencontre avec les étrangers. C'est aussi le passage de la fameuse citation: "un honnête homme, c'est un homme mêlé". Montaigne en profite également pour se payer les hommes de cour, en faisant un ...

  20. De l'art de conférer : épisode • 1/4 du podcast Montaigne, "à sauts et

    Premier temps de notre semaine consacrée aux Essais de Montaigne. Adèle Van Reeth reçoit Bernard Sève, professeur d'esthétique et de philosophie de l'art, à propos de l'oeuvre philosophique de Michel de Montaigne.

  21. Commentaire sur "l'art de voyager" de Montaigne

    Eléments de corrigé du commentaire du texte « L'art de voyager » de Montaigne. Les Essais, œuvre majeure de Montaigne, constituent un ensemble de réflexions philosophiques fondées sur son vécu : « Je suis moi-même la matière de mon livre », écrit-il dans la préface « Au lecteur ».

  22. L'art de voyager Montaigne

    L'art de voyager Montaigne. Malgre les grands voyage qu'a connus la renaissace (voyages d'exploration, voyages d'etude), le commun de mortels, a cette epoque, ne...

  23. Montaigne Essais Livre Iii 9 L'Art De Voyager

    Dans son essai "De l'expérience", Montaigne philosophe sur l'art de voyager. Pour lui, voyager n'est pas seulement un moyen de découvrir de nouvelles terres, mais c'est aussi une façon de se découvrir soi-même. En observant les coutumes et les modes de vie des autres cultures, on peut prendre du recul sur sa propre culture et ...